On peut les appeler soit hémiprothèse fémoro tibiale, soit prothèse uni- compartimentaire, soit prothèse uni- compartimentale.
Les premières prothèses unicompartimentales du genou sont apparues il y a une quarantaine d’années sous l’impulsion de MARMOR aux États-Unis et de P. CARTIER en France.
Si les lésions du genou sont strictement limitées à un seul compartiment fémoro- tibial médial ou latéral de l’articulation du genou, avec un compartiment fémoro- patellaire en bon état et des ligaments croisés intacts, on peut ne remplacer que les surfaces articulaires du seul compartiment fémoro- tibial atteint.
Le membre inférieur ne doit pas avoir une déviation axiale constitutionnelle importante.
Les indications des PUC sont:
- L’âge idéal est en théorie, avant 70 ans ou après 85 ans.
- La déformation du membre inférieur : une déformation tibiale osseuse peu importante (moins de 5° de varus). La réductibilité de la déformation articulaire lors des manœuvres en varus ou en valgus, selon le cas est essentiel
- Le système ligamentaire est intact, particulièrement le ligament croisé antérieur (LCA), et les formations périphériques de la convexité de la déformation. Cela conduit à exclure les arthroses médiales s’accompagnant d’une translation tibiale latérale ou les bâillements médiaux dans les arthroses latérales
- Le compartiment opposé doit être normal: ménisque stable, cartilage en bon état
- Le compartiment fémoro patellaire: une arthrose symptomatique cliniquement peut être une contre-indication.
- Raideur : acceptable si < 15° et due à des butoirs osseux. Les maladies inflammatoires ne constituent plus une contre-indication absolue à l’hémi-prothèse, si la maladie est stable et qu’elle ne détruit pas les autres compartiments.
Arthrose interne, Nécrose interne, Arthrose externe
LES COMPOSANTS DE LA PUC:
La prothèse comporte :
- un implant fémoral le plus souvent cimenté à la place du cartilage usé du fémur
- un implant tibial fixé sur le plateau tibial. Le polyéthylène qui permet le glissement, peut être soit directement cimenté à l’os soit fixé à une armature métallique, elle aussi, le plus souvent cimentée.
TECHNIQUE OPERATOIRE d’une hémi- prothèse fémoro- tibiale interne du genou
L’abord est mini-invasif, parapatellaire médial depuis le bord supérieur de la rotule jusqu’au tibia, à la hauteur de la tubérosité tibiale.
La coupe tibiale est effectuée en premier, avec un ancillaire extra- médullaire. Il faut orienter la coupe pour que l’axe mécanique tibial reste aligné de quelques degrés en varus.
La coupe tibiale doit emporter une épaisseur correspondant à l’épaisseur du plateau tibial prothétique, en tenant compte de l’usure cartilagineuse de l’arthrose et en évitant d’hypercorriger l’axe du membre inférieur et de le dévier en valgus, sans entraîner de tension du plan ligamentaire collatéral médial.
La coupe fémorale est dépendante de la coupe tibiale, pour que le patin fémoral soit en appui parfait avec le plateau tibial, à la fois en flexion et en extension.
Le guide de coupe fémorale distale est appliqué sur la surface de coupe tibiale, genou en extension. Cela permet de repérer la limite antérieure condylienne de la coupe. Il faut éviter que la rotule ne vienne buter contre le composant fémoral, lors de la flexion du genou.
La coupe fémorale distale dépend de la philosophie de la prothèse,
- Soit resurfaçage, régularisant le condyle distal sans coupe et en enlevant 3 mm de condyle postérieur
- Soit, à coupe, emportant l’épaisseur du composant fémoral sur le condyle distal et sur le condyle postérieur.
L’objectif est toujours
- d’éviter l’hypercorrection du membre inférieur, entraînant une déviation en valgus, responsable de contraintes du compartiment fémoro tibial latéral excessive et d’une usure rapide du cartilage latéral.
- De conserver une laxité de sécurité du plan collatéral médial
- De créer un espace en flexion et en extension équilibré
- De conserver un stock osseux tibial médial suffisant pour qu’il puisse supporter les augmentations de contraintes de pression du poids du corps, transmises par le plateau tibial prothétique à l’os.
Un essai avec des composants d’essai est mené pour s’assurer que tous ces critères sont respectés.
Les chanfreins, les fentes et les plots pour permettre la fixation des composants à l’os sont effectués.
Les implants définitifs sont alors scellés avec du ciment pour obtenir une fixation immédiate des composants à l’os.
L’arthrotomie est fermée de façon habituelle, avec ou sans drainage.
Les soins de rééducation et les objectifs sont identiques à ceux d’une prothèse totale de genou. Ils sont détaillés dans le chapître « conseils aux futurs opérés d’une prothèse totale de genou ».
LES RESULTATS
Après l’intervention, 96 % des patients sont satisfaits ou très satisfaits ; 84 % ne présentent pas de douleurs ou des douleurs légères. La flexion moyenne est de 133° (90-150°). La flexion avec une hémiprothèse de genou est souvent meilleure qu’avec les prothèses totales de genou.
Le score genou moyen à la révision est de 86/100 (40/100 en préopératoire), le score fonction de 77/100 (61/100 en préopératoire).
La déformation résiduelle moyenne est de 6° (7° de varus pour les hémiprothèses médiales, 4° de valgus pour les latérales).
Vingt-deux pour cent de liserés tibiaux ou fémoraux non évolutifs sont relevés sans traduction clinique.
Le taux de survie selon Kaplan Meier était de 93,67 % au recul maximum de 108 mois.
Il y a une complication particulière aux hémiprothèses de genou : les douleurs liées à une impossibilité de la métaphyse tibiale osseuse de supporter les augmentations de contraintes de pression liées au poids du corps, transmises par les composants prothétiques. Comme il faut que le membre inférieur reste dévié en varus pour une arthrose fémoro tibiale médiale ou en valgus pour une arthrose latérale, la totalité des contraintes de poids est concentrée sur la petite surface tibiale sous le composant prothétique. Parfois ces contraintes sont trop importantes pour les capacités de l’os. Cela impose si ces douleurs sont trop importantes de changer la prothèse pour une prothèse totale.